Shogi culture traditionnelle japonaise !

Comme vous le savez les échecs japonais existent depuis très longtemps et ont derrière eux une longue tradition. De nos jours, chaque joueur de shogi a sa propre attirance, l’attrait de la règle unique consistant à utiliser des pièces capturées, la profondeur d’analyse, la maitrise d’un jeu découvert dans un Manga, la recherche de l’amélioration permanente, l’amour des échecs, l’amour du Japon…


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Nous sommes néanmoins tous reliés par l’aspect traditionnel du shogi lié à la culture japonaise. Bien comprendre que la tradition du Shogi « moderne » date de la même période que la construction d’un monument très célèbre, le pavillon d’or à Kyoto. Symbole emblématique et mondialement connu, édifié lors de la période Muromachi (室町時代, Muromachi jidai). Période considérée comme celle de la culture et de la beauté.

Voilà donc 500 ans que les joueurs de shogi accordent de l’importance à l’éthique du jeu et aux règles traditionnelles, en premier lieu le respect entre les joueurs.

Nous ne pouvons pas jouer seul.

Une évidence, qui a tout son sens dans la culture Japonaise, un adversaire est nécessaire pour jouer au shogi, sans cet adversaire pas de partie. Les joueurs doivent honorer l’adversaire et commencer avec gratitude la partie, merci de jouer contre moi, c’est un honneur.

Lorsque vous apprenez le shogi, vous devez apprendre non seulement à améliorer vos compétences, mais aussi à respecter l’éthique de ce jeu.

Tournoi de Monaco 2015

Tout comme il y a une cérémonie du thé pour le servir, il y a des règles de beauté et de dignité dans le shogi. C’est une façon de jouer qui respecte la culture Japonaise et l’esprit des joueurs de shogi.

La toute première des valeurs, le respect en début et fin de partie.

Je dois saluer mon adversaire avant de commencer la partie. C’est la même chose dans beaucoup de sport, sauf qu’au shogi contrairement au judo par exemple, il n’y a pas d’arbitre pour donner le signal de commencement de la partie, lorsque les deux joueurs sont prêts, ils redressent leurs postures et inclinent la tête l’un vers l’autre et prononce « onegaishimasu ».  C’est le signal du commencement du jeu.  

Pas d’arbitre pour signaler le début ni même la fin de partie, se saluer avant et après prend toute son importance.

Savoir perdre.

Je reconnais qu’il est très frustrant de perdre, pas facile de dire « j’ai perdu », mais cela fait aussi partie des bonnes manières et du respect éthique des joueurs selon les règles ancestrales. La fin de la partie est prononcée par la déclaration du perdant « Makemashita » « j’ai perdu ». Après cela, le gagnant salue et dit « Arigato gozaimashita » « je vous remercie ».

Il est important de déclarer clairement que j’ai perdu. Le vainqueur doit lui contrôler son excitation.

Ne pas exprimer la joie de la victoire ni la frustration de la défaite.

Attention, si votre adversaire ne déclare pas « Makemashita« , vous devez continuer la partie et aller jusqu’à lui capturer le roi, ce qui est très irrespectueux de la part du perdant.


Disposez soigneusement les pièces capturées sur le Komadai.

Lorsque vous capturez une pièce de votre adversaire, prenez d’abord la pièce de l’adversaire, placez-la sur le côté droit du plateau afin que l’adversaire puisse la voir facilement, puis déplacez votre pièce vers la case prise. 

Il est important d’ordonner vos pièces, ne pas les retourner, ni les placer les unes sur les autres. Aussi, il est strictement interdit de tenir une pièce dans sa main. Si un support de pièce « Komadai » est disponible, placez-la dessus. Les disposer correctement n’est pas seulement une forme de considération pour votre adversaire, mais cela vous aide également à organiser votre esprit et à organiser votre stratégie, le désordre des pièces est le désordre de l’esprit. 

Bien placer la pièce dans sa case.

De nos jours, avec les applications sur smartphone, le jeu sur ordinateur, plus besoin de placer soi-même les pièces, il y a donc moins d’occasions d’être conscient de la mise en place correcte des pièces dans les cases.

La beauté du jeu me direz-vous oui mais pas que, c’est d’abord pour bien montrer à votre adversaire où se trouve exactement chaque pièce. Il est vrai qu’il y a peu de risque d’erreur de lecture, certes mais là aussi c’est une question de respect et de bonnes manières, la pièce ne doit pas dépasser de la case.

La beauté du jeu passe aussi par la façon de tenir une pièce de shogi.

Il existe un moyen de tenir sa pièce.

Tout d’abord, soulevez légèrement la pièce avec trois doigts. La clé est de la soulever tout droit. Cette prise fait travailler notre sens du touché, surtout quand nous avons la chance de jouer avec des pièces de grande qualité. La fabrication des pièces est tout un art précieux au Japon.

Ensuite, basculez la prise entre votre index et votre majeur et placez-la sur le plateau en la frappant légèrement.  Pourquoi la frapper ? C’est le moyen de solliciter ainsi votre sens de l’ouïe par le son du léger claquement de la pièce sur le plateau.

Il ne faut pas dire échec.

Cela peut surprendre certains, surtout les joueurs d’échecs qui doivent penser qu’il est naturel de dire « Oté » « Echec » et que ne pas le dire est une faute. Au shogi, l’acte de déplacer une pièce, d’échanger des pièces est considéré comme une conversation entre les joueurs. En d’autres termes, le jeu ne nécessite pas de se parler c’est considéré comme une mauvaise manière.

Les deux joueurs sont tenus de jouer calmement afin de ne pas interférer avec les pensées de l’autre. Selon ce principe, il est de bonnes manières de ne pas dire « Oté ».

Autres manières importantes

Ne touchez pas la pièce de votre adversaire sauf lors de la capture de la pièce.

Une fois que vous avez retiré votre doigt de la pièce, ne la reprenez pas.

Lorsque vous utilisez une horloge de jeu lors d’un tournoi, appuyez légèrement sur le bouton de l’horloge avec la même main que celle qui vous a servi à jouer.

Finale Championnat de France 2022

Les pendules d’échecs ne sont utilisées que lors de la participation à des tournois. Vous risquez d’être tenté de la placer près du plateau pour faciliter la manipulation et la lecture. Oui mais il faut éloigner suffisamment la pendule du plateau pour ne pas perturber la vision des pièces capturées mais aussi qu’une ombre portée sur le plateau rende plus difficile la lecture du jeu. Laisser un espace suffisant entre la pendule et le plateau fait aussi partie du respect de l’adversaire.  

Je vous l’accorde volontiers, pas besoin de connaitre tout cela pour jouer au shogi, qui peut tout à fait être un passe-temps décontracté, mais savoir que c’est aussi le reflet d’une culture japonaise traditionnelle importante, peut vous aider à développer vos capacités de réflexion, votre concentration et votre maitrise de cet art ancestral. Philippe DOVETTA

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